Heureuse Initiative Toulousaine

La RÉNOVATION des MÉTIERS

Pour préparer des Ouvriers experts et des Artisans habiles

par

M. Jean RIEUX

Ancien Maire, Conseiller général de Toulouse

Création en 1926 et historique jusqu'en 1930

M. Marius Bergé a bien voulu demander au Conseiller général du Canton Centre de Toulouse quelques lignes pour l'ouvrage qu'il a l'intention de publier sur "Clémence Isaure et ses Marchands". Et comme je suis, en même temps que le représentant de ce canton à l'Assemblée départementale, l'adjoint délégué au Travail au sein de la Municipalité toulousaine, c'est sur la "Manifestation régionale annuelle de la Rénovation des Métiers" qu'il m'a exprimé le désir de voir porter ma contribution, d'ailleurs bien légère et bien modeste, à son livre.

L'amour qu'il professait pour son ancien métier d'art - il avait été ébéniste - le dévouement qu'il portait à la classe ouvrière, à laquelle il appartient - il avait administré, dans les premiers temps de sa création, la Bourse du Travail de Toulouse - firent naître, en 1925, chez feu Marius Pinel, alors adjoint délégué au Travail de la Municipalité toulousaine, l'idée d'une Exposition régionale annuelle de la Rénovation des Métiers.

La réalisation suivit de peu l'idée puisque, dès 1926, avec la collaboration de ses services, l'aide de la Commission municipale du Travail et l'appui de l'Assemblée communale toute entière, Marins Pinel pouvait organiser, à l'Ecole des Beaux-Arts, la première manifestation.

Depuis, chaque année a vu se renouveler cette « Manifestation de la Rénovation des Métiers » et chacune de ces Expositions a marqué, par comparaison avec celle qui l'avait précédée, un succès plus grand; à l'appui de cette dernière affirmation, voici des chiffres :

année 1926, 44 groupements, 301 exposants;
année 1927, 52 groupements, 459 exposants;
année 1928, 67 groupements, 689 exposants;
année 1929, 68 groupements, 927 exposants;
année 1930, 65 groupements, 813 exposants.

Si, en 1930, le nombre des exposants est inférieur de quelques dizaines d'unités à celui de 1929 , c'est parce que les inonations du Sud-Ouest empêchèrent les Cours professionnels d'Agen, de Montauban, de Lavaur et de Mazamet de prendre, comme les années précédentes, part à la manifestation.

Parmi les participants à ces expositions, à côté des ateliers privés, notons, au hasard de notre mémoire, la présence de nos Ecoles primaires, élémentaires et supérieures, d'un certain nombre d'ouvroirs religieux, des Cours professionnels de la Bourse du Travail, de l'Ecole de trait des Compagnons charpentiers passants du Devoir, de l'Atelier de fabrication d'artillerie, de l'Ecole professionnelle des Cuirs et Peaux, de l'Ecole de Métiers de Gourdan-Polignan, de Cours professionnels du département et de la région, etc., etc.

Quant au but poursuivi par notre œuvre municipale de la « Rénovation des Métiers », point n'est besoin d'insister ici longuement. Ce but? Participer à l'effort fait en vue de former de bons ouvriers, des ouvriers connaissant bien leur métier. Cette connaissance du métier, ne procure-t-elle pas à celui qui la possède le moyen de mieux gagner sa vie et celle des siens? Ne lui assure-t-elle pas un placement plus facile de ses talents? Ne lui garantit-elle pas plus d'indépendance? N'est-elle pas pour lui une source de satisfaction par l'accomplissement de la tâche bien faite? Et, grâce à elle, ne tire-t-il pas de ce travail bien exécuté le sentiment de sa valeur?

Et, en même temps qu'elle sert ainsi les intérêts matériels et moraux de l'ouvrier, la connaissance du métier sert aussi la classe ouvrière, qui, par elle, est comme grandie, fortifiée, mieux préparée à son grand rôle historique d'émancipation prolétarienne et humaine.

Profitable à l'ouvrier et à la classe dont il fait partie, la connaissance du métier est, enfin, pour le pays, en possession de travailleurs habiles et, par suite, producteur d'articles de qualité, une abondante source de prospérité.

Je me suis efforcé, pour répondre au désir qu'a bien voulu m'exprimer M. Marius Bergé, de résumer, dans les quelques lignes qui précèdent, ce qu'est l'œuvre municipale toulousaine de "la Rénovation des Métiers", de dire, en très peu de mots, ses origines, son développement, son but. Et bien heureux je serais si, malgré leur peu d'étendue, ces rapides renseignements valaient à cette œuvre de nouvelles sympathies et lui attiraient des concours nouveaux.

Jean RIEUX

L'Exposition des Élèves au Palais des Arts

L'Exposition de cette année fut encore plus remarquée que les précédentes, tant à cause du grand nombre des envois que de la perfection croissante des exécutions, démontrant l'utilité d'un tel enseignement.

A la cérémonie d'inauguration assistaient un nombre considérable de personnalités officielles et des représentants des organismes professionnels. Les invités furent accueillis et salués au nom de la Municipalité de Toulouse par M. Jean Rieux, conseiller général et adjoint au Maire, délégué au Travail.

Les journaux de la ville ont rendu compte de cette fête inaugurale et célébré son succès.

L'Exposition, admirablement organisée, avait un cadre digne d'elle, et M. Jean Rieux a eu raison de souligner combien il était indiqué de placer les jeunes élèves sous l'égide et dans le voisinage des grands artistes toulousains, Jean-Paul Laurens, Falguières, Mercié, et à proximité de ce magnifique Hôtel d'Assézat qui n'aurait jamais été conçu ni réalisé s'il n'y avait pas eu les artisans de la Renaissance toulousaine.

L'assistance et, par la suite, les nombreux visiteurs de l'Exposition ont vivement apprécié les travaux des exposants dont la plupart sont jeunes (souvent moins d'un an d'apprentissage) et réussissent pourtant à exécuter des ouvrages pleins de promesses.

Parmi les envois le plus remarqués citons : le stand de l'Ecole de Métiers de Gourdan-Polignan; un escalier à limon courbe, ainsi qu'une belle bibliothèque et un banc en ciment armé ont été particulièrement remarqués au même titre que divers objets de fer forgé, carrosserie, maréchalerie et mécanique.

On s'arrête un long moment devant les remarquables travaux des élèves de l'école pratique de Foix.

Le curieux pavillon de l'Asile public d'aliénés de Braqueville, avec son aéroplane et son dirigeable en fer, n'a pas moins retenu l'attention des visiteurs.

L'Exposition des élèves des Cours professionnels de la Bourse du Travail de Toulouse compte parmi les plus dignes d'attention.

Signalons encore les dessins originaux et les peintures sur vitre de l'Ecole des garçons de Lalande, les travaux de bois des élèves des Ecoles Lespinasse, Monge, Bayard, Bonnefoy, de la Patte-d'Oie, du Centre, Michelet, Lakanal, du Nord el du Sud; les dessins industriels du Cours du certificat d'aptitude professionnelle; l'Ouvroir des Filles de la Croix de la Dalbade (lingerie) ; les nombreuses sections de l'Ecole des Beaux-Arts de Toulouse (peinture en bâtiment, meubles, ferronneries, céramiques, ébénisteries, lithographies, gravures sur bois, etc) ; l'Atelier Angèle-Gajan, le Cours complémentaire de la Dalbade; la Ruche, avec ses magnifiques travaux féminins; l'Union Sociale du Midi; l'Institution des Jeunes Aveugles; l'Institution des Sourds-Muets; l'Ecole des filles Fermat; l'Office des Pupilles de la Nation; l'Ecole Saint-Jude-Saint-Sernin, dont la classe des ateliers de bois et de fer, sous la direction de maîtres éprouvés, tel M. Darbas, a fait une heureuse entrée au Palais des Arts; l'Ecole de Compagnonnage, avec ses pittoresques escaliers à courbe, ses pavillons carrés et cinq-épis, et ses "chefs-d'œuvre" dont s'enorgueillissent justement, le jour de leur fête patronale, les maîtres-charpentiers.