Article publié par RFI (Radio France International) le jeudi 08 décembre 2011 - Dernière modification le jeudi 22 décembre 2011
Le sol-violette (« sol » pour « solidaire ») n’est pas une monnaie comme les autres.
Lancé en mai 2011, il a pour vocation de développer l’économie locale, sociale et solidaire, et d’instaurer
une nouvelle manière de consommer, respectueuse des hommes et de la nature. Ainsi, il ne peut pas être utilisé n’importe où.
Après avoir versé 15 euros d’adhésion à l’association qui gère le sol-violette dans l’une des deux banques partenaires de l’opération,
et échangé leurs euros contre des sols (1 euro = 1 sol), les solistes ne peuvent en effet les dépenser qu’à l’intérieur d’un réseau de
partenaires agréés. Ce sont des restaurants ou des épiceries bio, des librairies indépendantes, des boutiques de vêtements équitables…
Pour obtenir le droit d’encaisser les billets aux couleurs acidulées, tous ont dû certifier leur engagement dans le développement durable
et expliquer que la gouvernance est partagée dans leur entreprise.
Les euros échangés dans les banques ne sont pas perdus ; ils serviront à financer du microcrédit et à la création d’entreprises solidaires.
Pour les solistes et les entreprises partenaires, ce réseau est un gage de sécurité.
Maîtriser sa monnaie, être acteur de l’économie, tel est le défi proposé par les fondateurs du sol-violette.
En payant en sols, on montre tous les jours ce qu’on veut faire de notre argent. C’est comme si on mettait un label sur un billet
de banque afin de garantir qu’il provient d’un endroit qui respecte l’homme et la nature" , explique Frédéric Bosqué, entrepreneur
à l’initiative du projet sol à Toulouse. "Et comme on le remet à un acteur qui ne peut le recevoir que s’il a le label correspondant,
on sait également où il va. On reprend ainsi le pouvoir d’orienter la monnaie, comme on a le pouvoir d’orienter une décision politique
par le vote" .
Un geste citoyen que rappelle le slogan "Faites de la monnaie un bulletin de vote" inscrit sur chaque sol.
Instauré uniquement en tant que monnaie d’échange, le sol-violette n’est voué qu’à circuler. Pour favoriser cette circulation,
les créateurs de cette monnaie ont décidé que les billets non utilisés pendant trois mois perdraient 2% de leur valeur.
"La monnaie ne crée de la richesse que lorsqu’elle circule" martèle Frédéric Bosqué.
Et cela fonctionne. On estime aujourd’hui que le sol-violette circule trois fois plus que l’euro.
Mais les retombées économiques du sol-violette sont encore loin d’être importantes. Si certains commerçants assurent avoir gagné
quelques clients grâce à cette nouvelle monnaie, ses répercussions sont davantage humaines. "Le sol nous a apporté beaucoup d’échanges,
rapporte ainsi Fabrice Domingo, gérant de la librairie Terra-Nova. Il permet de s’interroger sur l’économie, sur une autre façon
de travailler et d’organiser les transactions " .
Frédéric Bosqué
Entrepreneur et initiateur du projet sol-violette
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