CONCLUSIONS

Les émissions de la Chambre de Commerce de Toulouse se sont donc élévées au total à
20 100 000 francs en 24 950 000 billets dont
15 250 000 billets de 1 franc soit 15 250 000 francs en 18 séries et
9 700 000 billets de 50 centimes soit 4 850 000 francs en 11 séries.

En raison du retrait permanent, à partir de 1917, des billets inutilisables, la circulation effective maximale ne dépassera pas, selon la Chambre, 9 500 000 francs.

Tableau récapitulatif des émissions
1 franc 50 centimes Total
Délibérations Séries Nombre de coupures Séries Nombre de coupures En francs En coupures
06.11.1914 (Série 1) 1 000 000 (Série 1) 1 000 000
Série 2 1 000 000 Série 2 1 000 000
Série III 1 000 000 Série III 1 000 000
Série IV 1 000 000 Série IV 1 000 000
Série 5 1 000 000
Série 6 1 000 000
6 Séries 6 000 000 4 Séries 4 000 000 7 000 000 10 000 000
20.06.1917 Série 1 1 000 000 Série 1 1 000 000
Série 2 1 000 000 Série 2 1 000 000
Série 3 1 000 000 Série 3 1 000 000
Série 4 1 000 000 Série 4 500 000
Série 5 1 000 000
Série 6 250 000
6 Séries 5 250 000 4 Séries 3 500 000 7 000 000 8 750 000
19.11.1919 Série 1 1 000 000 Série 1 700 000
Série 2 250 000
2 Séries 1 250 000 1 Série 700 000 1 600 000 1 950 000
13.10.1920 Série 1 1 000 000 Série 1 1 000 000
Série 2 500 000
2 Séries 1 500 000 1 Série 1 000 000 2 000 000 2 500 000
08.03.1922 Série 1 1 000 000 Série 1 500 000
Série 2 250 000
2 Séries 1 250 000 1 Série 500 000 1 500 000 1 750 000

Au mois d’avril 1922, après beaucoup de réticences et une longue controverse, les Chambres de Commerce accèdent au désir du ministre qui demande que la contre-valeur des bons de monnaie émis avant 5 octobre 1915 soit transférée des coffres de la Banque de France au compte du Trésor, dont les bons sont porteurs d’un intérêt de 2 %. Ce transfert ne concerne donc que la contre-valeur des billets du 1er type, les seuls émis à Toulouse avant cette date.

En mai, le ministre fait savoir qu’il ne sera pas fait appel à la frappe privée pour la fabrication des pièces de bronze-aluminium prévues, contrairement à ce qu’avaient demandé les Chambres, pour accélérer l’approvisionnement de la province en espèces métalliques.

Par contre, l’industrie privée, en l’occurrence la société d’Electro-métallurgie de Dives-sur-Mer (Calvados) participera à la frappe des pièces de 5 et 10 centimes en nickel.

Au mois de septembre, le ministre informe les Chambres qu’il a fait retirer de la circulation des jetons aux caractéristiques analogues aux pièces officielles de bronze-aluminium, mais qui ont été frappées par une Chambre de Commerce (qui n’est pas nommée), et qu’il interdit de telles initiatives (5)

Le 5 novembre 1922, Toulouse reçoit ses premiers jetons-monnaies officiels gravés par Domard.

A partir de ce jour, s’effectuent des rentrées de bons de plus en plus importantes, qui débordent rapidement les possibilités des employés de la Chambre à la Banque de France. Alors est abandonné le principe du reclassement des billets par émission. Et, par voie de conséquences, à partir du 5 mars 1923, la destruction des coupures ne sera plus chiffrée pour chaque émission.

Le temps des billets des Chambres de Commerce est désormais compté.

Le 24 juin 1924, les fonds de garantie cessent de porter intérêts, et les retraits de coupures se faisant de plus en plus faibles, le guichet de la Chambre à la Banque de France est définitivement fermé le 31 décembre 1224.

La loi du 12 janvier 1926 prescrit le retrait général et définitif des bons de monnaie des Chambres de Commerce dans un délai de 3 mois à compter du 1er février 1926.

Le 2 juillet 1926 a lieu la dernière incinération des coupures de la Chambre de Toulouse.

Sur les 20 100 000 francs émis, les bons présentés au remboursement puis incinérés représentent 18 450 973,50 francs.

C’est donc un bénéfice de 1 549 026,50 francs qu’a réalisé la Chambre du seul fait des billets non présentés au remboursement, ce qui représente tout de même plus de 7,5 % de la totalité des émissions.

Heureusement d’ailleurs pour la Chambre, car si l’on fait le bilan financier des opérations : dépenses de 8 666 934,24 francs, recettes de 10 164 547,61 francs, bénéfice de 1 497 613,37 francs: on voit que sans cet apport un peu inespéré, la Chambre eût perdu 51 413,13 francs.

Il n’est bien sûr ici question que du bilan financier, qui ne tient aucun compte du travail considérable des membres de la commission des billets, ni du temps nécessaire, pendant 12 ans à la réalisation de cette tâche.

Après un différent de plusieurs mois entre le ministre de tutelle qui entend avoir un regard sur l’utilisation qui doit en être faite, et la Chambre de Commerce de Toulouse, celle-ci affectera principalement ce bénéfice à la réfection et la construction de bâtiments lui appartenant.

Notes et bibiographie

(1) Ferdinand MAGI :  "Emissions de nécessité de la période 1914-1926 : essai sur l’étude des monnaies locales du département de la Gironde". Bulletin et Mémoires de la Société Archéologique de Bordeaux. Cercle Bertrand Andrieu. Tome LXIV. Années 1959-1967, page 153.

(2) A partir de 1865, la Belgique, la Suisse et la France, plus tard l’Italie et la Grèce, constituèrent une union monétaire, dite « Union Latine » dont les monnaies d’or et d’argent, frappées selon des caractéristiques de poids, module et alliages uniformes, avaient cours légal dans chacun de ces pays. Encyclopaedia Universalis. Vol. 11, page 266.

(3) Le quotidien "La Petite Gironde" (ancêtre de l’actuel quotidien "Sud-Ouest")

(4) Le revers du jeton octogonal des Etats du Languedoc de 1762 montre un vaisseau assez semblable, « Le Languedoc », bâtiment de 80 canons, offert à louis XV par la province de Languedoc.

(5) « La Chambre de Commerce d’Evreux, faute de recevoir le stock des jetons-monnaie officiels qu’elle avait réclamés, fit frapper par la maison Thévenon ,à Paris, des jetons à son nom de 1 franc et 2 francs, ornés à l’avers d’un semeur, et les mit en circulation le 28 août 1922 ». Raymond HABREKORN : « Au secours de la circulation monétaire, les Chambres de Commerce émettrices de « monnaies de nécessité », 1870 – 1914 – 1940 ». A.P.C.C.I. 1970.